Dans un communiqué publié ce lundi 14 avril 2025, la Fondasyon Je Klere (FJKL) a salué l’action de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), qui a procédé à l’arrestation et transmis au parquet le rapport d’enquête concernant l’ancienne #directrice du Service National de Gestion des Résidus Solides (SNGRS), Magalie Habitant.
Magalie Habitant et son chauffeur, Lenès Jean Philippe, ont été interpellés le 9 janvier 2025 à Thomassin, commune de Pétion-Ville, dans le cadre d’une enquête portant sur leur implication présumée et leur soutien financier au groupe armé « Viv Ansanm ». Cette interpellation s’inscrit dans une dynamique de démantèlement de ce réseau criminel qui terrorise la population.
Cependant, la FJKL dénonce le non-respect des procédures légales lors de la garde à vue de Magalie Habitant et de son chauffeur, soulignant qu’ils ont été retenus au-delà du délai légal de 48 heures sans avoir été présentés à un juge. Ce manquement constitue, selon l’organisation, une atteinte grave aux garanties judiciaires fondamentales. Ainsi, la Fondation Je Klere estime que certains anciens dirigeants bénéficient d’un traitement de faveur dans cette affaire.
L’organisation de défense des droits humains critique également le silence prolongé du parquet de Port-au-Prince et de la DCPJ, qui ont gardé le dossier dans l’ombre pendant plus de trois mois. Ce manque de communication officielle, selon elle, traduit un déficit de transparence et a contribué à entretenir un climat de suspicion, favorisant la prolifération de rumeurs.
La tension s’est d’ailleurs accentuée après l’arrestation d’autres personnalités, notamment l’ancien député Prophane Victor, l’ex-directeur de la Caisse d’Assistance Sociale (CAS), Elionor Devallon, ainsi que plusieurs individus soupçonnés d’être liés à des réseaux criminels ou à des structures de l’appareil d’État. L’organisation insiste sur la nécessité de respecter scrupuleusement les procédures légales dans la lutte contre tous les acteurs impliqués dans l’effondrement de la société haïtienne.
C’est dans ce climat tendu que la DCPJ a remis, le 10 avril 2025, son rapport au parquet, accusant Magalie Habitant, Prophane Victor et leurs présumés complices de faits graves, notamment complicité d’assassinat, tentative d’assassinat, vol à main armée, enlèvement contre rançon et détention illégale d’armes à feu.
Le document sollicite également l’émission de mandats d’arrêt à l’encontre de figures notoires du banditisme, telles que Jimmy Chérizier alias « Barbecue », Renel Destina dit « Ti Lapli », Vitelhomme Innocent, ainsi que plusieurs membres influents du réseau criminel « Viv Ansanm ». Cette démarche s’inscrit dans une volonté de rétablir la paix et la sécurité dans le pays.
La FJKL a également salué la structure globale du rapport de la DCPJ, qu’elle qualifie de « sérieux tant dans l’intention que dans la méthode ». Toutefois, elle exprime des inquiétudes face à certaines dérives constatées au fil de l’enquête. Parmi les éléments les plus accablants, l’organisation cite des échanges téléphoniques et des conversations WhatsApp entre Magalie Habitant et plusieurs chefs de gangs, dont Kempès Sanon, portant notamment sur l’achat de vingt caisses de cartouches pour un montant de 60 000 dollars.
La FJKL souligne aussi que l’ancienne directrice du SNGRS aurait reconnu avoir servi d’intermédiaire dans des transferts d’argent, sollicité des fonds publics par l’intermédiaire d’Elionor Devallon au profit de figures comme Jimmy Chérizier alias « Barbecue », et facilité la libération contre rançon de ressortissants dominicains en 2021, à la demande de l’ancien président Jovenel Moïse.
L’implication d’institutions publiques telles que la Caisse d’Assistance Sociale (CAS) dans ces opérations illégales soulève, selon la FJKL, de sérieuses préoccupations quant à la vulnérabilité de l’État face aux réseaux criminels, et met en lumière la complicité présumée de certaines autorités dans la déstabilisation du pays. Des chèques émis par la CAS, pour des montants importants et au profit de son propre directeur, Elionor Devallon, sont perçus par l’organisation comme des preuves manifestes de détournements de fonds destinés aux plus vulnérables. Pendant que de nombreuses personnes démunies peinent à obtenir une aide suffisante pour répondre à leurs besoins de base, les ressources publiques de la CAS semblent être utilisées à des fins détournées, au détriment de la population.
« Comment justifier que certains bénéficiaires reçoivent seulement 1 500 gourdes, alors que d’autres, proches de l’administration, perçoivent jusqu’à 100 000 gourdes ? », s’interroge la FJKL, soulignant l’ampleur des inégalités et des dérives dans la gestion de l’aide publique.
Lawouze Info
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