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Alix Didier Fils-Aimé, Premier ministre de l’actuelle transition en Haïti, a franchi le cap symbolique des 100 jours à la tête d’un gouvernement censé incarner l’espoir d’un renouveau pour un pays en lambeaux.

Pourtant, force est de constater que ces trois mois ont été marqués par une incapacité flagrante à répondre aux défis colossaux auxquels fait face la nation haïtienne. Loin des promesses solennelles prononcées lors de son installation le 17 novembre 2024, le bilan est accablant : insécurité galopante, massacres à répétition, impunité généralisée et une population livrée à elle-même dans un climat de terreur.

Dès son discours d’investiture, Alix Didier Fils-Aimé avait placé la lutte contre l’insécurité au cœur de ses priorités. Trois mois plus tard, le constat est sans appel : les gangs armés continuent de régner en maîtres absolus sur une grande partie du territoire. Les zones de non-droit se sont étendues, et les massacres se multiplient dans des proportions alarmantes. Les quartiers de Tabarre 25 et 27, Kenscoff, Delmas 30, Delmas 19, Delmas 17, Fort-national, Poste-marchand sont le théâtre d’attaques sanglantes presque quotidiennes.

Canapé-Vert, Turgeau, et bien d’autres quartiers sont sous la menace des bandits. Plus d’une vingtaine de civils ont été tués ou blessés par des balles perdues, et une douzaine d’autres ont été froidement exécutés par des bandits. Le meurtre d’un bébé à Kenscoff par des gangs armés a particulièrement choqué l’opinion publique, illustrant la barbarie à laquelle est confrontée la population.

Les forces de sécurité, pourtant censées être renforcées, sont en déroute. Plusieurs militaires de la FAd’H et des agents de la PNH ont perdu la vie dans des affrontements avec les gangs. Trois blindés ont été brûlés par les bandits en moins d’une semaine, un symbole fort de l’impuissance, de l’incapacité de l’État face à la criminalité organisée. Les attaques contre des institutions stratégiques, comme la base de la Brigade d’opération et d’intervention départementale (BOID) ou contre le quartier de poste-marchand, montrent que les gangs ne reculent devant aucun obstacle, défiant ouvertement l’autorité de l’État.

Le Conseil Présidentiel de Transition, présidé par Leslie Voltaire, et le gouvernement de Fils-Aimé ont été installés avec la promesse de restaurer l’ordre et de préparer des élections crédibles. Mais à ce jour, aucune mesure concrète n’a été prise pour endiguer la crise sécuritaire. Les déclarations solennelles et les discours pleins de bonnes intentions ne suffisent plus à masquer l’inaction criante des autorités. Les Haïtiens, déjà exsangues après des années de chaos, sont abandonnés à leur sort.

Leslie Voltaire a pourtant rappelé aux ministres l’urgence d’agir pour atteindre les cinq objectifs clés de la transition : sécurité publique, relance économique, réhabilitation des infrastructures, sécurité alimentaire et santé, et organisation d’élections. Mais force est de constater que ces objectifs sont loin d’être atteints. La sécurité publique est un échec total, l’économie est à genoux, les infrastructures sont en ruine, et la faim continue de ronger des milliers de familles. Quant aux élections, elles semblent être un rêve lointain dans un pays où l’État n’a même plus le contrôle de sa capitale.

La cérémonie d’installation du Premier ministre, organisée dans la résidence officielle de Musseau, avait suscité un semblant d’espoir. Alix Didier Fils-Aimé avait alors promis de travailler sans relâche pour répondre aux attentes des Haïtiens. Mais trois mois plus tard, cet espoir s’est transformé en désillusion. Le gouvernement de transition, censé être une équipe plurielle et représentative, semble déjà s’enliser dans des querelles internes et une paralysie administrative. Les ministres, pourtant avertis de l’urgence de la situation, n’ont pas su ou pas pu agir.

Le Premier ministre avait également insisté sur la nécessité de rationaliser les dépenses publiques et de gouverner dans la plus grande transparence. Pourtant, aucune mesure tangible n’a été prise pour lutter contre la corruption endémique qui ronge les institutions haïtiennes. Les fonds publics continuent de disparaître dans des trous noirs, tandis que la population crie famine.

Face à cette impuissance étatique, c’est le peuple haïtien qui paie le prix fort. Les droits de l’homme sont bafoués quotidiennement, et les massacres perpétrés par les gangs se déroulent dans une indifférence quasi générale. Les promesses de justice et de sécurité restent lettre morte, et les Haïtiens sont condamnés à vivre dans la peur et la précarité.

Les 100 premiers jours d’Alix Didier Fils-Aimé sont donc un échec retentissant. Loin d’avoir redonné espoir à la population, le gouvernement de transition a confirmé son incapacité à faire face aux défis qui assaillent le pays. Les discours ne suffisent plus. Les Haïtiens méritent des actions concrètes et des résultats tangibles. Mais à ce rythme, il est à craindre que la transition ne soit qu’un énième échec dans l’histoire tumultueuse d’Haïti.

Jean Wesley Pierre

Catégories : Atualités

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