Par Jean Wesley Pierre
Ottawa, 28 avril 2025 – Le Canada entre dans l’une des campagnes électorales les plus tendues de son histoire moderne, sur fond de guerre commerciale et de menaces d’annexion proférées par le président américain Donald Trump. Le nouveau Premier ministre libéral, Mark Carney, et son principal adversaire conservateur, Pierre Poilievre, ont officiellement donné dimanche le coup d’envoi d’une bataille politique de cinq semaines qui culminera avec le scrutin du 28 avril.
Jusqu’à récemment promis à une défaite historique, les libéraux au pouvoir bénéficient aujourd’hui d’une remontée spectaculaire dans les sondages, portée par une poussée de nationalisme canadien face aux provocations répétées de Trump. Ce dernier, après avoir imposé des droits de douane massifs sur l’acier et l’aluminium canadiens, a laissé entendre que le Canada devrait devenir le “51e État” américain, une déclaration qui a indigné l’opinion publique.
“Le gouvernement a besoin d’un mandat fort et clair en ces temps de crise,” a déclaré Mark Carney dans un message posté sur les réseaux sociaux, qualifiant cette élection de “l’une des plus importantes de notre vie”.
La campagne, qui vise à pourvoir les 343 sièges de la Chambre des communes, voit essentiellement s’opposer les libéraux de Carney et les conservateurs de Poilievre. Selon les règles parlementaires, le parti remportant la majorité formera le gouvernement.
Donald Trump, qui n’a toujours pas contacté Mark Carney depuis son élection en mars, a ouvertement ridiculisé l’ancien Premier ministre Justin Trudeau, le surnommant “gouverneur”, et laisse planer le doute sur ses intentions à l’égard du Canada. Vendredi dernier, il a même reconnu avoir “bouleversé la politique canadienne”, renforçant ainsi l’idée que les relations bilatérales traditionnelles sont à un tournant historique.
Le chef conservateur Pierre Poilievre, qui s’était lancé dans la campagne avec une avance confortable, se trouve désormais sur la défensive. Bien qu’il condamne lui aussi les attaques de Trump, son image a été écornée par des déclarations de proches alliés, comme la première ministre de l’Alberta Danielle Smith, affirmant qu’il serait “en phase” avec la “nouvelle orientation de l’Amérique”.
“Je défendrai l’indépendance du Canada avec force,” a assuré Poilievre lors de son discours d’ouverture de campagne, dénonçant les tarifs “inacceptables” et les “menaces contre notre souveraineté”.
À 60 ans, Mark Carney apporte son expérience économique acquise à la tête de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, notamment durant la crise financière de 2008 et la tourmente du Brexit. Face à lui, Pierre Poilievre, figure populiste de la droite canadienne, mise sur un discours anti-élite et nationaliste, promettant de “mettre le Canada en premier”, de démanteler la radiodiffusion publique et de limiter l’accès des médias à sa campagne.
Au-delà des enjeux traditionnels logement, coût de la vie, immigration, cette élection est désormais dominée par une question existentielle : qui sera le mieux placé pour défendre la souveraineté canadienne face aux ambitions expansionnistes d’un voisin devenu imprévisible ?
Dans un climat de colère, d’incertitude et de résilience nationale, les Canadiens s’apprêtent à trancher.
0 commentaire