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Port-au-Prince, 18 avril 2025 – Tandis que le gouvernement haïtien multiplie les communiqués se drapant dans les habits de la compassion et de la solidarité, des milliers de déplacés internes, fuyant les violences armées, s’entassent dans des conditions inhumaines. Ce vendredi 18 avril 2025, le gouvernement haïtien a organisé une distribution de kits alimentaires et de plats chauds dans plusieurs sites de la capitale. Une opération que les autorités qualifient “d’engagement tangible”, mais que de nombreux observateurs dénoncent comme une vaste opération de communication cynique, venant masquer leur propre responsabilité dans l’embrasement du pays.

Depuis des années, les rapports se multiplient sur les liens troubles entre certains dirigeants politiques et les gangs qui terrorisent la population. Des quartiers entiers de Port-au-Prince sont sous contrôle armé, et les vagues de déplacés ne sont que la conséquence directe d’un pouvoir qui, au lieu de garantir la sécurité, a pactisé avec les criminels. Aujourd’hui, alors que la misère est à son comble, ces mêmes dirigeants viennent jouer les sauveurs.

“Le gouvernement distribue quelques plats chauds le matin, mais alimente les foyers de violence le soir”, résume un militant associatif rencontré près du site de l’École Nationale de la République d’Équateur, un membre du KOMINOTE PWOGRESIS AYISYEN (KPA) “Ils veulent effacer leur complicité par des gestes symboliques. Mais la population n’est pas dupe.”

Dernièrement, plusieurs arrestations ont fait tomber les masques. Des anciens hauts fonctionnaires et parlementaires sont aujourd’hui dans le viseur de la justice pour leurs liens présumés avec des groupes armés. Parmi eux, l’ancien député Alfredo Antoine, soupçonné d’avoir fourni un soutien logistique à des gangs notoires, ou encore Magalie Habitant, ex-directrice de la SMCRS, arrêtée dans le cadre d’une enquête sur des détournements de fonds et des accointances avec des chefs de gang.

Ces cas, loin d’être isolés, révèlent un système profondément corrompu, où la frontière entre pouvoir politique et criminalité organisée s’est effacée depuis longtemps. Comment ces individus ont-ils pu agir aussi longtemps en toute impunité ? Pourquoi les structures de contrôle ont-elles fermé les yeux, voire collaboré ? Ces questions restent sans réponse, étouffées dans un pays où les institutions n’obéissent plus à la loi, mais aux rapports de force.

Le communiqué officiel publié ce vendredi 18 avril 2025 se veut rassurant. Il évoque « l’engagement constant » du gouvernement, sa « solidarité » avec les déplacés, et remercie les partenaires mobilisés. Mais derrière les formules creuses se cache une réalité accablante : si les Haïtiens sont aujourd’hui jetés sur les routes de l’exil intérieur, c’est avant tout à cause de l’incurie et de la duplicité de ceux qui prétendent leur venir en aide.

À mesure que la crise humanitaire s’aggrave, une colère sourde monte dans les rangs de la population. Elle vise non seulement les gangs qui sèment la terreur, mais aussi ceux qui les ont nourris, armés, et instrumentalisés à des fins politiques. Le temps viendra où il ne suffira plus de brandir des sacs de riz pour faire oublier les flammes allumées en coulisse.

WI, NOU KWÈ NAN YON LÒT AYITI.

Catégories : Atualités

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