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Par JeanWesleyPierre – 20 avril 2025

En réponse à l’escalade de la violence armée dans le pays, les autorités haïtiennes veulent franchir un nouveau cap dans la lutte contre les groupes criminels. Le samedi 19 avril, plus d’une dizaine de drones explosifs – communément appelés drones kamikazes – ont été lancés dans la commune de Kenscoff, cible de récentes incursions des gangs armés.

Selon des sources sécuritaires, l’opération, coordonnée entre la Police Nationale d’Haïti (PNH) et la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS), visait plusieurs positions occupées par les hommes armés affiliés à la coalition “Viv Ansanm”. Des témoins rapportent avoir entendu plusieurs détonations successives dans les hauteurs de la zone.

C’est la première fois que des drones explosifs sont utilisés de manière aussi massive sur le territoire haïtien, mais le résultat laisse à désirer. Cette nouvelle stratégie, jusque-là expérimentale, reflète un changement de paradigme dans la manière dont les autorités entendent reprendre le contrôle des zones abandonnées à l’anarchie.

Une source au sein de la MMSS confirme que « ces frappes ont été planifiées avec une précision chirurgicale pour neutraliser les cibles sans mettre en danger les populations civiles. » Toutefois, aucune donnée officielle n’a encore été communiquée sur les pertes ou les dégâts causés dans le camp des gangs armés.

Cette montée en puissance de l’appareil sécuritaire intervient alors que les Forces Armées d’Haïti (FAD’H) font face à des tensions internes : dénonciation de mauvaises conditions de travail, arrêt des chantiers stratégiques comme celui de la base de Vertières, et grogne croissante contre le ministre de la Défense, Jean Michel Moïse. Malgré ces défis, l’opération de Kenscoff laisse entendre que le gouvernement tente de resserrer les rangs face à l’urgence sécuritaire.

Alors que les statistiques de l’ONU font état de plus de 2 600 morts en trois mois à cause des violences des gangs, de nombreuses voix s’élèvent pour interroger l’efficacité réelle et durable de ces actions ciblées. « Les drones ne peuvent pas remplacer une présence permanente de l’État sur le terrain, ni reconstruire la confiance de la population », commente un analyste en sécurité.

Pendant ce temps, à Plateau Central, le syndicat de la Police Nationale, SPNH17, tire la sonnette d’alarme face à une possible expansion des gangs vers Hinche, Belladères et Lascahobas. L’organisation appelle à une coordination immédiate entre police et l’armée pour éviter que ces zones ne basculent à leur tour dans le chaos.

Si certains saluent le recours aux drones comme un signe que l’État haïtien reprend l’initiative, d’autres y voient le symptôme d’un glissement vers une logique de guerre, aux conséquences imprévisibles. La récente volonté des États-Unis de classer les gangs haïtiens comme « organisations terroristes » et d’ouvrir la voie à des arrestations internationales ajoute une nouvelle couche de complexité à la situation.

Alors que les autorités maintiennent le cap vers un référendum et des élections générales en 2025, une fondamentale demeure : comment bâtir un avenir démocratique quand le ciel lui-même devient un théâtre de guerre ❓

Catégories : Opinion

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