Par Jean Wesley Pierre
Ce 21 avril, les autorités dominicaines ont entamé une nouvelle traque, cette fois dans les hôpitaux du pays, visant spécifiquement les femmes enceintes haïtiennes. Une d’entre elles, sur le point d’accoucher, a été interceptée par les services migratoires. Selon sa sœur, pourtant présente, ses papiers étaient en règle. Mais cela n’a rien changé à son sort. Ce n’est pas un fait isolé. C’est un acte de plus dans une politique systématique de persécution aux relents xénophobes, dirigée contre le peuple haïtien.
Alors que cette situation révoltante fait grand bruit sur les réseaux sociaux et dans certains médias dominicains, silence radio du côté de la diplomatie haïtienne, de nos dirigeants, du ministère des haïtiens vivant à l’étranger et du ministère haïtien des Affaires étrangères. Pas un communiqué, pas une convocation de l’ambassadeur dominicain à Port-au-Prince, pas même un mot d’indignation publique. Cette inaction est une insulte non seulement à la dignité des victimes, mais aussi à la souveraineté de notre pays.
Ce qui se passe actuellement en République dominicaine est une manifestation claire d’un racisme d’État. Les Haïtiens sont perçus non pas comme des êtres humains, mais comme des intrus à expulser, même lorsque les lois migratoires sont respectées. Qu’une femme enceinte soit arrêtée à la veille de son accouchement en dit long sur la cruauté de ce système. L’hôpital, espace sacré de vie, devient un lieu de traque pour celles qui n’ont d’autre tort que d’être nées de l’autre côté de la frontière.
Ce mépris assumé des Dominicains envers les Haïtiens n’est pas nouveau. Il s’enracine dans une haine historique soigneusement cultivée par les élites politiques dominicaines. Mais ce qui est encore plus révoltant, c’est la lâcheté de nos propres dirigeants face à cette violence. Où est la voix d’Haïti ? Où est le courage politique pour défendre nos concitoyens ? Pourquoi l’État haïtien continue-t-il de courber l’échine, de supplier, de quémander, au lieu d’exiger le respect ?
Haïti, c’est bien plus qu’un peuple de misère et de chaos comme aiment le caricaturer certains. C’est une nation qui a brisé les chaînes de l’esclavage, qui a inspiré la liberté dans les Amériques, et qui, malgré les coups répétés de l’histoire, continue de se relever. Nous sommes un peuple digne, fière mais abandonné par ses élites.
Le ministre haïtien des Affaires étrangères, les dirigeants haïtiens doivent cesser de se comporter en simple observateurs. Il est temps d’assumer la responsabilité qui leurs incombe : protéger les citoyens haïtiens, où qu’ils soient. Le peuple n’attend pas des discours creux, mais des actions fermes. Car à chaque minute de silence, c’est un peu plus de notre humanité qu’on piétine de l’autre côté de la frontière.
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