Dans une adresse à la nation, le président Luis Abinader a annoncé le dimanche 6 avril 2025 l’adoption de 15 mesures visant à lutter contre les immigrants haïtiens en situation irrégulière. Selon le chef de l’État, Haïti traverse « l’heure la plus sombre de son histoire, à cause de multiples crises ».
Le président dominicain a également profité de l’occasion pour signaler que les Dominicains s’inquiètent, car les Haïtiens représentent une menace pour le pays, notamment en raison de la migration irrégulière qu’ils engendrent, du fardeau que cela impose aux hôpitaux, aux écoles, des risques pour la sécurité et de l’impact sur l’économie dominicaine.
En conséquence, le chef de l’État a annoncé au moins 15 mesures strictes pour contrôler la situation des immigrants en situation irrégulière, freiner ce fléau, « protéger » le pays et « garantir » le respect des lois migratoires.
« Haïti traverse l’heure la plus sombre de son histoire, à cause de multiples crises. Une crise de sécurité, due aux bandes criminelles qui contrôlent son territoire ; une crise environnementale, causée par la déforestation et le manque d’eau ; une crise économique, due à la pénurie de moyens de production », a déclaré Luis Abinader, cité par la presse dominicaine.
Le président Luis Abinader a poursuivi en soulignant qu’il existe également une crise politique, causée par l’absence d’institutions démocratiques en Haïti. Cette crise se manifeste sous plusieurs formes, dont la crise de l’abandon, causée par l’attitude irresponsable de la communauté internationale qui a laissé Haïti livré à lui-même. « Aucune de ces crises n’a été causée par nous, mais toutes ont des conséquences qui nous affectent. »
Voici les principales mesures prises par le gouvernement dominicain :
1. La capacité de supervision des trois brigades frontalières actuelles sera élargie à six zones opérationnelles, chacune sous la supervision d’un officier supérieur.
2. La surveillance à la frontière sera renforcée avec 1 500 soldats supplémentaires, s’ajoutant aux 9 500 déjà présents à la frontière.
3. La construction du mur frontalier sera accélérée. Le ministre de la Défense a pour instruction de lancer immédiatement l’appel d’offres pour construire 13 kilomètres supplémentaires aux 54 kilomètres de mur déjà construits.
4. Un projet de réforme du cadre légal migratoire existant sera déposé la semaine prochaine au Congrès national, devant être étudié en urgence, afin de durcir les sanctions dans les cas suivants : fonctionnaires gouvernementaux, civils et militaires facilitant ou participant à l’entrée d’immigrants sans papiers ; ainsi que pour les organisations ou individus récidivistes dans le trafic de personnes en situation illégale.
5. Sept cent cinquante nouveaux agents migratoires seront intégrés.
6. L’installation de bureaux de contrôle migratoire continuera dans toutes les provinces pour étendre la capacité opérationnelle de la Direction Générale des Migrations.
7. Le règlement des marchés sera modifié pour s’assurer qu’ils restent ouverts au commerce, mais pas à la migration irrégulière.
8. Pour garantir l’investigation et la poursuite de crimes liés à la migration irrégulière, il a suggéré à la Procuraduría General de la República de créer la Procuraduría Especializada en Asuntos Migratorios.
9. La collaboration des autorités locales sera sollicitée pour améliorer l’efficacité des rapatriements à l’échelle nationale.
10. Le président Abinader a également ordonné la création d’un Observatoire Citoyen sur le Fonctionnement de la Politique Migratoire pour superviser le respect des règles et proposer des correctifs depuis la société civile.
11. Un protocole sera mis en place pour contrôler l’afflux de personnes en situation migratoire irrégulière dans les hôpitaux publics. Ce protocole, qui doit être prêt pour son application le lundi 21 avril, obligera le personnel des hôpitaux du SNS à exiger les documents suivants : une identification, une lettre de travail dans le pays et une preuve de domicile. De plus, une tarification des services sera convenue.
Tout comme la situation difficile des immigrants haïtiens aux États-Unis, le président Luis Abinader accélère le contrôle de la zone frontalière, cherchant à régulariser le phénomène migratoire en République Dominicaine, surtout pour les Haïtiens fuyant leur pays en raison de la violence des gangs armés ces derniers temps. Cependant, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme exigent le respect des droits des immigrants et la non-violation de leurs droits lors de la déportation massive, notamment en ce qui concerne les femmes enceintes, les enfants et les personnes handicapées.
Lawouze Info
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